Comment les données naturalistes deviennent des connaissances scientifiques ?
Comment les données naturalistes deviennent des connaissances scientifiques ?
L'observation d'une espèce, de son comportement ou de son habitat est le point de départ du travail de terrain. Comment cette observation devient-elle une information utile, fiable et exploitable? C'est un processus parfois invisible essentiel. Les données son transformées en plusieurs étapes en connaissances utiles pour la conservation, l'aménagement ou la recherche.
L’observation : premier maillon de la chaîne
Chaque donnée naturaliste commence par une observation sur le terrain. Cette obervation peut être l'observation d'un individu (vu ou entendu), la présence d'un indice (chant, trace...) ou un relevé (végétation, sol, paramètres...). Chaque observation est accompagnée de métadonnées : espèce, date, heure, lieu précis, observateur, méthode, conditions météo...
La validation : garantir la fiabilité
Avant d’être exploitée, la donnée est vérifiée. L'identification est confirmée avec un enregistrement, une photo ou un par un expert. La localisation est également contrôlée afin de ne pas avoir de doublons ou d'erreur GPS. Il est également nécessaire de croiser les données obtenues avec des données historiques afin d'avoir une cohérence spatiale et temporelle. Certaines plateformes (Faune-France, iNaturalist, SINP) intègrent des systèmes de validation collaborative ou des experts référents.
La structuration : rendre les données lisibles
Les données sont normalisées et uniformisées dans des formats structurés (CSV, XML, GeoJSON…), suivant des standards comme :
- CD_NOM ou UUID pour les espèces,
- Coordonnées GPS au format WGS84,
- Code habitat, protocole, niveau de confiance…
Cette étape est cruciale pour pouvoir comparer, agréger et analyser les données à grande échelle.
La spatialisation : placer la donnée dans le paysage
Grâce aux SIG (Systèmes d’Information Géographique), chaque donnée peut être placée sur une carte. Elle peut être croisée avec d'autres couches (occupation des sols, zones protégées, altitudes...). L'information géographique croisée va être agrégée pour la production de cartes d'abondances, de distribution... La cartographie permet une visualisation synthétique pour les décideurs ou le public.
L’analyse : extraire du sens
Une fois traitées, les données permettent de répondre à des questions scientifiques ou de gestion. Ces interrogations concerne la représentation des espèces. L'état des populations (déclin ou progression) ou des habitats. Une autre interrogation peut être de savoir où concentrer les efforts de protection ou de restauration.
Pour répondre à ces interrogations, il faut utiliser des outils comme R ou Python pour les statistiques. Il faut également des modèles de distribution d’espèces (SDM) et des indices de biodiversité (diversité, rareté, pression…).
L’interprétation : replacer les données dans leur contexte
Les résultats bruts seuls ne suffisent pas car ils doivent être interprétés en lien avec :
- Le contexte écologique local (altitude, climat, pressions),
- Les limites du protocole (biais d’observation, périodes d’absence),
- L’échelle temporelle ou spatiale de l’analyse.
A ce stade, les données deviennent des connaissances exploitables, utiles et nuancées.
La valorisation : rendre les résultats utiles
Une donnée n’a de valeur que si elle est partagée avec plusieurs partenaires. Il y a les gestionnaires pour la création d'un plan de gestion. Le décideurs qui auront besoin d'une étude d’impacts. La médiation et la sensibilisation avec la société civile valoriseront également les résultats. La communauté scientifiques va pouvoir publier et compléter les bases de données ouvertes grâce aux observations.
Cette étape de valorisation donne tout son sens au travail de terrain en transformant l’information en action.
Conclusion
Entre l'observation et la prise de décision, la donnée de terrain suis un processus rigoureux qui aidera à la prise de décision. En prenant en compte ce processus, le travail des naturalistes et le rôle joué par la donnée dans la préservation du vivant sera valorisé.